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10 avril 2007

La mondialisation : menace ou opportunité ?

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La mondialisation : menace ou opportunité ?

J’ai rédigé cette contribution afin d’essayer de nous aider à mieux comprendre les défis posés à Montbéliard et à sa région par la mondialisation. J’ai voulu battre en brèche quelques idées fausses. On lira à la fin de cette analyse des propositions concrètes, dont cette note ne fait qu’esquisser quelques pistes et reprises pour l’essentiel dans le programme de François BAYROU et de l’UDF.

Un vrai défi lancé à notre économie

L’ouverture des économies nationales sur le monde est un phénomène ancien. La libéralisation des échanges depuis les années d’après guerre, illustrée par d’importantes baisses de barrières douanières et la constitution de vastes espaces de libre-échange, n’ont fait qu’accélérer le mouvement. Déjà, dans les années soixante, les exportations absorbaient 15 à 20 % de la production française. Ce pourcentage est monté à 25 % dans les années 90.

Cette internationalisation des échanges était très largement vécue comme une opportunité par  la majorité des Français : elle offrait des débouchés à nos secteurs industriels de pointe, à notre agriculture largement subventionnée et au secteur des services qui était largement excédentaire. Globalement, dans les années 90, environ 3 ,5 millions d’emplois dépendaient directement de nos exportations. La « note à payer », pour élevée qu’elle fût dans certaines régions, semblait ne concerner que quelques secteurs inexorablement condamnés au déclin.

Que s’est-il donc passé pour que dix ou quinze ans plus tard, la responsabilité de tous les maux dont souffre notre économie soit attribuée à une cause presque unique : la mondialisation ?

Le mot  « mondialisation » est aujourd’hui considéré comme porteur de menaces lourdes par la plupart de nos concitoyens. Un sondage CSA d’octobre 2003 indiquait que 72 % des français se déclaraient « inquiets ou hostiles » face à la mondialisation. La classe politique utilise ce terme au mieux entouré d’infinies prudences oratoires, au pire à l’instar des « alter-mondialistes »,  en le vouant aux gémonies.

Les statistiques semblent illustrer cette menace :

-         

la France

est passée du rang de quatrième exportateur mondial au sixième ;

-         premier pays d’accueil au monde des investissements directs étrangers au début de la décennie 90, elle ne figure plus parmi les principales terres d’accueil de ces investissements ;

-         notre balance commerciale, excédentaire de plus de 30 milliards d’euros il y a cinq ans, est désormais déficitaire ;

-         notre PIB par habitant est passé du septième rang des pays de l’Europe des 15 en 1985 au douzième rang en 2002.

L’une des données qui illustre le mieux cette menace est celle du solde d’emplois résultant des échanges extérieurs. Si les exportations réussissent encore à créer des emplois dans des secteurs à forte intensité capitalistique tels que l’aéronautique, l’électronique, voire l’automobile, les importations touchent de plein fouet ce qui reste des secteurs à fort contenu en main d’œuvre. Le bilan en emplois de la mondialisation serait donc beaucoup plus négatif que ne le laisseraient apparaître les simples chiffres de la balance commerciale.

Mais des réponses inadaptées

Les solutions avancées pour répondre à ce défi sont la plupart du temps trouvées dans l’énoncé du problème lui même : si les entreprises françaises ne sont pas compétitives, c’est avant tout parce que le coût du travail est en France beaucoup plus élevé que dans le reste du monde. Une entreprise qui délocalise en Chine va payer ses salariés 20 à 30 fois moins qu’en France, 50 fois moins si elle délocalise en Inde ou au Viêt-Nam.

Pour remédier à ce déséquilibre et mieux lutter contre les délocalisations, il faut donc, nous dit-on, réduire le coût du travail. Nombre d’entreprises jouent d’ailleurs sur cet argument pour obtenir à l’arraché des gels de salaires ou divers dégrèvements, en contrepartie du maintien d’unités de production sur notre territoire.

Mais on voit bien les limites d’un tel chantage. Si la réduction du coût du travail peut à la marge servir d’argument pour éviter une délocalisation dans un autre pays industrialisé dont le niveau de salaires est à peu près comparable au nôtre, elle ne peut en aucun cas changer la donne s’agissant de la très grande majorité des délocalisations, en direction des pays émergeants. En quoi un coût salarial allégé de quatre ou cinq points change-t-il quelque que chose quand de tels écarts de rémunération existent ?

Pire, la stagnation du pouvoir d’achat qui résulte de cette approche de la mondialisation, se répercute directement sur la consommation des ménages. En fin de compte, nous sommes perdants sur les deux tableaux à la fois : d’un côté, nos entreprises ne parviennent de toute façon pas à contenir suffisamment leur masse salariale pour résister aux sirènes des délocalisations ; de l’autre, l’atonie de la demande intérieure est responsable du faible taux de croissance.

Une mauvaise analyse du phénomène de mondialisation

L’enchaînement négatif que nous venons de décrire est la conséquence d’une analyse trop rapide du phénomène de mondialisation. Rappelons quelques faits :

Le poids des grandes entreprises dans l’économie française est considérable. Les 300 plus grandes entreprises totalisent plus de 50 % du volume de nos exportations.  Ces entreprises sont toutes cotées en bourse. Leurs décisions stratégiques sont fortement guidées par un objectif : tenir les promesses de progression de leur chiffre d’affaires et des ratios de rentabilité qu’elles ont annoncé au marché. On pourrait discuter longuement sur un marché mondial des capitaux qui impose à ces entreprises des taux de rentabilité de 15 à 20 %, de tels objectifs sont sans doute incompatibles avec les perspectives de croissance à long terme de l’économie, mais là n’est pas le sujet. Le fait est que pour tenir ces sacro-saints ratios, nos grandes entreprises vont même jusqu’à délocaliser en Inde leurs centres de calcul, en République Tchèque leurs services comptables ou en Tunisie leurs centres d’appels téléphoniques, c’est à dire des activités que l’on croyait voici peu encore protégées. Les en blâmer serait à la fois inutile, cela ne changerait rien à la logique des marchés financiers et dangereux, car cela pourrait dissuader des investisseurs étrangers de s’installer en France.

Ces quelques exemples illustrent une évidence : l’objectif d’une entreprise est de satisfaire ses actionnaires (objectif qui passe également par la satisfaction de ses clients, de ses salariés voire aussi de ses fournisseurs). Une entreprise peut et doit avoir un comportement citoyen là où elle est implantée. Mais face aux règles du jeu de la mondialisation,  exhorter, comme le Gouvernement actuel vient de le faire, les entreprises au patriotisme relève d’un don quichottisme suranné.

Car  la mondialisation ne se réduit pas à la simple internationalisation des économies que nous avons vécue jusque dans les années 80.

Le terme anglo-saxon de globalisation reflète mieux la réalité que nous vivons que celui de mondialisation : l’économie est devenue globale. Les causes sont bien connues, nous ne ferons qu’énumérer les principales :

-         déréglementation des marchés des changes ;

-         libéralisation des investissements étrangers ;

-         volume considérable de capitaux à la recherche de placements rentables, conséquence d’une part, du déséquilibre entre les capacités de financement de certains pays au regard de leurs capacités limitées d’investissement (pétrodollars) et d’autre part du succès rencontré par les fonds de pension et les hedge funds ;

-         enfin et bien sûr, émergence de nouvelles économies qui offrent à ces capitaux des taux de croissance très attrayants.

Dans ce contexte « globalisé », plus de 40 % du capital de nos grandes entreprises du CAC 40 sont passés aux mains d’investisseurs « étrangers », dont la nationalité est d’ailleurs de plus en plus difficile à cerner. On peut certes le regretter pour notre ego national, ou chercher à se consoler en constatant que nos anciens « champions nationaux » demeurent des acteurs mondiaux de premier plan.

Mais l’essentiel n’est plus là : on peut toujours se réjouir que PSA fabrique des voitures en Slovaquie, les vende en Ukraine et verse des dividendes à des fonds de pensions domiciliés aux Bermudes … tant mieux ! Mais ce qui nous importe in fine, c’est de préserver et de renforcer la densité et la vitalité du tissu économique en France.

L’enjeu central de la mondialisation : la compétitivité de la « maison France »

La mondialisation des dix ou quinze dernières années nous entraîne vers un nouveau paradigme : il ne s’agit plus tant d’assurer la compétitivité des entreprises françaises, mais de

la France. Un

pays compétitif retient ses entreprises plus sûrement que des discours politiques incantatoires et attire davantage les investisseurs étrangers. Un pays qui ne l’est pas a en revanche raison de craindre les conséquences de la mondialisation. Les capitaux bougent, les entreprises, les technologies et les brevets aussi, très peu les hommes et encore moins les pays !

Il convient donc de s’interroger sur les critères qui fondent la compétitivité d’un pays :

                                                      

  1. Revenons sur le coût du travail

Il n’est pas tout à fait exact de dire qu’un pays dont le coût du travail est élevé n’est pas compétitif. Il faut distinguer salaires et autres coûts associés au travail :

-         en tant que tel, un niveau élevé de salaires est à la fois un objectif social et un atout économique, car il se traduit par un niveau élevé de demande et d’épargne. Qui dirait que

la Californie

n’est pas compétitive parce que ses salaires sont les plus élevés au monde ? Les salaires sont en général d’autant plus élevés que la productivité du travail l’est également.

-         En revanche, les autres coûts (charges sociales et fiscales) qui pèsent sur le travail représentent un handicap considérable dans ce match que se livrent les pays entre eux pour séduire les entreprises : car contrairement aux salaires, ces coûts ne sont le reflet d’aucun avantage comparatif.  Ils traduisent tout au plus le déficit des comptes sociaux ou une fiscalité pénalisante pour l’emploi.

  1. Le second critère est bien sûr la formation de ses hommes.

Il nous faut revenir un instant sur les conséquences de la mondialisation sur l’emploi. Jusque dans les années 80, le progrès technique se traduisait essentiellement par une automatisation des tâches. Des salariés peu qualifiés en grand nombre étaient remplacés par d’autres salariés pas nécessairement plus qualifiés, mais en  nombre beaucoup plus restreint.

Depuis une vingtaine d’années, le progrès technique change de nature, le dialogue homme – machine devient très complexe, il nécessite des compétences pointues. Les emplois peu qualifiés sont désormais massivement remplacés par des emplois beaucoup plus qualifiés,  toujours en nombre plus restreint. La mondialisation, en mettant les salariés peu qualifiés en concurrence avec d’autres salariés encore moins qualifiés mais surtout payés infiniment moins chers, ne fait qu’amplifier ce phénomène de substitution.

Il est donc exact que la mondialisation creuse dans la population, le fossé entre ceux qui possèdent un solide niveau de formation et les autres. Pour les premiers, la mondialisation, en réduisant les prix des produits importés, gonfle leur pouvoir d’achat. Pour les autres, la mondialisation est lourde de menaces : précarisation, baisse du salaire et en bout de course, perte de l’emploi. Il y a d’un côté  les gagnants et de l’autre, les perdants.

Au niveau collectif, l’amélioration du niveau global de formation est donc un enjeu majeur pour assurer la compétitivité de la « maison France ». Au niveau individuel, c’est un enjeu non moins majeur pour basculer dans le camp des gagnants.

  1. La R

    &D

Le critère de formation est étroitement lié à l’effort de recherche.

Tout d’abord, l’effort de R&D se traduit directement dans  la compétitivité, c’est à dire l’attractivité de

la France. S

’il est vrai que les technologies ne sont plus aujourd’hui l’apanage des pays développés et que les licences s’exportent comme tout le reste, disposer de pôles de recherche puissants et dynamiques signifie toujours avoir des hommes entreprenants sur place et  un savoir faire local qui fait référence et se diffuse dans la population.

De

la R

&D, découle largement notre capacité d’innovation. La mondialisation, on l’a vu, permet d’acheter moins cher ailleurs. Le pouvoir d’achat ainsi dégagé par ces économies, doit pouvoir être réorienté vers de nouveaux usages, de nouveaux produits, qui créent eux même de nouveaux emplois. C’est ainsi que le progrès technique a déplacé les emplois de l’agriculture vers l’industrie, puis de l’industrie vers les services. Si nous n’innovons pas assez, ce pouvoir d’achat ne viendra pas alimenter de nouvelles sources de croissance. La moitié des produits que nous consommerons dans dix ans n’existent pas aujourd’hui. Si nous ne savons pas les concevoir et les développer, d’autres le feront à notre place.

En fonction de notre capacité d’innovation, la mondialisation sera une chance ou une menace subie.

  1. L’environnement global offert par notre pays aux entreprises

Mais il y a bien d’autres critères qui déterminent la plus ou moins grande attractivité d’un pays. L’environnement d’une entreprise est un critère fondamental de sa compétitivité. Un pays est compétitif s’il sait offrir un tel environnement. On citera pêle-mêle :

-         la qualité, la rapidité et la densité des infrastructures de transport ;

-         la stabilité sociale, qui passe par la qualité du climat social ;

-         la qualité et l’accueil dans les services publics ;

-         la qualité et l’accessibilité des services de santé ;

-         la qualité générale de vie, l’environnement ……

C’est un fait, on trouve plus d’entreprises américaines qui investissent dans le sud de

la France

, près d’un aéroport, d’une grande ville universitaire ou d’un centre de recherche que dans une région menacée par la désertification…. Dans le même temps, certaines entreprises commencent à s’apercevoir que l’on ne peut pas tout fabriquer en Inde et s’engagent dans des délocalisations « à l’envers ».

La   compétitivité de

la France

recule dangereusement

La France

dispose de nombreux atouts, largement hérités de son passé. Force est néanmoins de constater que jugée à l’aune des critères qui viennent d’être évoqués, la compétitivité de notre pays s’effrite peu à peu.

Le coût du travail :

Le coût du travail n’est pas plus élevé en France que dans les pays industrialisés. La rémunération des salariés très qualifiés y serait même plus basse que chez nos principaux voisins. En revanche, à salaire net identique, l’ensemble des prélèvements qui pèsent directement sur le travail est beaucoup plus élevé.

La formation :

Si la qualité de notre enseignement scolaire reste en moyenne satisfaisante, des lézardes apparaissent dans notre système éducatif. Le nombre de jeunes qui sortent de l’école sans diplôme ni qualification est important. L’illettrisme gagne du terrain. L’apprentissage répond mal aux besoins des secteurs qui recrutent. 

Plus préoccupant est le sort de l’enseignement supérieur. Dans le classement annuel réalisé par l’Université de Shanghai, on ne compte que trois établissements supérieurs français, le premier occupant la 80ème place.  Les universités françaises sont cloisonnées, leurs maigres ressources sont  émiettées, leur place dans la recherche insuffisante, les partenariats avec les acteurs économiques encore trop rares et sont, quand ils existent, jugés avec suspicion.

L’effort de R&D :

Un chiffre suffit pour illustrer le déclin de

la R

&D en France : la part des dépenses de R&D dans le PIB, tombée en quelques années de 4 à 3 % alors qu’aux États-Unis, elle dépasse 5 %.

L’environnement global :

Les infrastructures de transport représentent un atout indéniable de

la France

dans cette compétition que se livrent les pays. Le positionnement géographique de notre pays, au cœur d’un marché de 360 millions de consommateurs à niveau de vie élevé peut difficilement être remis en cause ! Mais là aussi, l’effort a commencé à se relâcher sans que l’on ne s’en aperçoive immédiatement : certes, les grands axes de communication relient en des temps record  les métropoles françaises aux autres grandes villes européennes, mais l’espace français est de plus en plus inégalement desservi. 

La SNCF

réduit la vitesse de ses trains sur son réseau secondaire car les lignes ne sont pas suffisamment entretenues, l’État transfert aux départements la gestion des routes nationales et à des intérêts extérieurs l’entretien de nos autoroutes. Les grèves à répétition minent la réputation de nos ports et conduisent les industriels à installer leurs plate-formes logistiques à Rotterdam plutôt qu’à Marseille.

Car le climat social pénalise également notre pays. Il n’y a pas plus de jours de grève en France que dans les autres pays européens, mais les mouvement sociaux à répétition dans les secteurs publics minent l’image de notre pays à l’étranger. Les récents événements dans les banlieues ne sont pas nécessairement du goût des investisseurs étrangers. De même les 35 heures, même s’ils sont compensés par une productivité du travail parmi les plus élevées au monde,  participent de cette image de moins en moins flatteuse que renvoie notre pays aux acteurs économiques dans le monde.

Le même constat pourrait être décliné à l’infini : la position de notre pays, si elle reste très enviable en termes relatifs, n’en n’est pas moins en train de se dégrader lentement. Une multinationale choisira

la France

pour son siège européen, si elle sait que ses cadres pourront y être bien soignés en cas de maladie ; or nous allons au devant d’une grave pénurie de chirurgiens, mais aussi d’infirmières.  Une PME s’installera en Lozère si son courrier peut être porté en 24 heures à ses clients allemands ; or

la Poste

supprime des tournées en zone rurale…

Ce rapide tour d’horizon peut sembler hors de propos face aux enjeux de la mondialisation. Il est au contraire au cœur du sujet : il en va de la compétitivité, c’est à dire de l’attractivité de notre pays.

Quelques propositions concrètes pour sortir par le haut

L’objet n’est bien sûr pas ici de dresser un catalogue complet de mesures à prendre, mais très modestement d’esquisser quelques pistes que chacun pourra compléter ou corriger.

  1. Drainer l’épargne vers les projets innovants :

Dans un marché des capitaux mondialisé, les grandes entreprises se financent auprès d’investisseurs internationaux. Les PME innovantes ont un accès limité aux marchés financiers, tandis que les banques refusent de s’engager dans des projets risqués. Pour drainer l’épargne des ménages vers les projets innovants des PME ou des start up, pourrait être créée une société d’investissement, entièrement spécialisée dans le financement de ces projets, fondée à travers un partenariat entre grandes banques et investisseurs institutionnels. Cette société d’investissement serait suffisamment capitalisée pour entrer au CAC 40. Son rôle serait beaucoup plus décisif que les trop discrètes sociétés de capital risque existant aujourd’hui.

  1. Rééquilibrer les prélèvements obligatoires pour ne pas pénaliser le coût du travail :

- en rendant les cotisations sociales (y compris

la CSG

) beaucoup plus progressives, afin d’alléger le coût des bas salaires, et donc de moins pénaliser le travail peu qualifié par rapport aux autres pays européens ; les entreprises étant prêtes à mettre le « juste prix » pour les emplois supérieurs à productivité très élevée ;

- en transformant, comme l’a proposé François Bayrou,

la CSG

en une cotisation sociale universelle assise sur l’ensemble de la valeur créée par l’entreprise et non comme c’est le cas aujourd’hui, uniquement sur la valeur créée par le travail ;

- en fiscalisant le financement de la santé et de la politique familiale, car les entreprises ne peuvent pas supporter les dépenses de solidarité en France alors qu’elles en sont exonérées dans de nombreux pays ;

- en créant une fiscalité résolument moderne, c’est à dire simple, lisible (en supprimant les nombreux effets pervers que nous connaissons), stable… et donc attractive. Une telle réforme fiscale mettrait toutes les formes de revenus sur un pied d’égalité, à l’instar de

la Slovaquie

qui vient d’être félicitée par l’OCDE pour avoir établi un taux uniforme de 19 % sur tous les prélèvements (TVA, impôt sur le revenu, sur les sociétés…).

  1. Créer un service public de la formation doté de moyens puissants

De nombreux organismes interviennent aujourd’hui à divers titres, sous divers statuts, avec des finalités différentes, de façon non coordonnée : ASSEDIC, ANPE, APEC, … L’idée consisterait en la création d’un grand service public, sur le modèle scandinave, qui regrouperait tous les moyens existants, mais dont la gestion serait décentralisée par bassin d’emploi. Il s’agirait d’accompagner tous ceux qui le souhaitent tout au long de leur vie professionnelle, en les aidant  à articuler leur projet personnel avec les besoins du marché et les formations qui en résultent. Pour cela, ce grand service public aurait non seulement une connaissance complète des opportunités du moment, mais surtout aurait une vision prospective sur les emplois de demain. L’objectif ne serait donc pas seulement d’accueillir les chômeurs qui sont déjà dans l’impasse parce que leur qualification ne correspond plus aux besoins du marché. La mission de ce grand service public serait d’anticiper, de prévenir autant que de guérir.

Conclusion :

La mondialisation est une réalité incontournable. Elle n’est en soi ni bénéfique, ni néfaste pour un pays comme le nôtre.

D’un côté, elle menace les emplois peu qualifiés en les confrontant à la concurrence de gisements inépuisables de main d’œuvre à très bas coût. De l’autre, elle crée chez nous des opportunités de consommations en réduisant le prix des biens importés et offre des débouchés  pour des produits et des services sophistiqués dont les pays en développement ont besoin pour nourrir leur croissance.

Globalement, l’action naturelle des forces qui sont en jeu dans la mondialisation a pour conséquence d’accroître le fossé qui existe déjà entre les gagnants et les perdants.

Il appartient donc aux pouvoirs publics de se mobiliser pour corriger ce jeu naturel afin que la mondialisation devienne une chance réelle pour notre pays, comme elle l’est pour les pays émergeants, et pour empêcher ce fossé de se creuser davantage.

La mondialisation peut être porteuse de grandes opportunités pour

la France

, pour peu que l’on ne se trompe pas de diagnostic et que l’on cesse de répondre aux nouveaux défis avec les réponses du passé. Il s’agit de redresser la compétitivité de la « maison France ».

Pour réduire le fossé entre les victimes de la spirale « baisse des salaries , précarité, licenciements » et tous les autres, il est indispensable que la formation à toutes les étapes de la vie, devienne une priorité absolue. Et comme il serait naïf de croire que tous les Français seront en mesure d’accéder à des emplois hautement qualifiés, il faut en parallèle exploiter les nombreux gisements d’emplois qui existent dans les services de proximité, activités qui ne sont pas directement confrontées aux défis de la mondialisation, à faible productivité et donc à fort contenu en emplois (mais là n’était pas l’objet de cette note).

Or comment les Partis politiques réagissent-ils ?

D’un côté le Parti Socialiste, pour l’essentiel, s’en remet aux recettes d’antan : refus des inéluctables réformes structurelles, protection illusoire des secteurs menacés et des emplois condamnés, fossilisation du code du travail.

De l’autre, l’UMP considère  dans l’ensemble qu’il suffit de déréglementer et de s’en remettre aux lois du marché pour tirer tous les fruits de la mondialisation et ne voit pas que la compétitivité de la « maison France » requiert un engagement très fort de l’État.

Sans parler des extrêmes gauche et droite, pour une fois réunies pour nier la réalité du monde et se réfugier dans le rêve d’une France repliée sur elle-même et à l’abri des « méchants » qui nous entourent.

L’UDF dispose dans ce débat essentiel d’une carte majeure : Les valeurs de responsabilité et de solidarité que nous portons sont au cœur du projet que nous construisons. Responsabilité pour les citoyens, dont l’esprit d’innovation et doit pouvoir se déployer sans contraintes, responsabilité pour l’État, qui doit restaurer la compétitivité et l’image de « l’entreprise France », mais aussi solidarité pour partager les risques pris par tous ceux qui prennent des initiatives et pour accompagner la reconversion des hommes vers les secteurs qui gagneront demain.

Laurent BOURQUIN

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